Longtemps synonyme de ringardise, la cravate fait un retour surprenant dans les collections masculines. Tic de branchés ou véritable phénomène ? De Lanvin à Tom Ford en passant par Hermès ou Miu Miu, pas une maison n’a fait l’impasse.

Hedi Slimane, ex-directeur artistique de Dior homme de 2000 à 2007 et la galaxie des petits groupes de rock sauce british avaient déjà esquissé un retour à une cravate ultra fine portée avec un polo et un jean étroit.

Celle de la saison prochaine rompt avec cette longiligne silhouette néo punk. Cette fois, elle est large, jacquard ou pied-de-coq, nouée avec générosité et coquetterie, à la manière de nos pères et de nos grands pères.
 
En pôle position, Edouard Baer ou Frédéric Taddeï qui présente sur France 3 «Ce soir ou jamais» en dandy post gainsbourgien.
Ce nouveau geste confirme t-il le retour du classicisme amorcé depuis quelques saisons ?

«La cravate va s’imposer de la même manière que le slim a pu détrôner le baggy. Ca va prendre du temps mais ce n’est pas un épiphénomène.» souligne Pascal Monfort, chasseur de tendances et enseignant en sociologie de la mode à Lyon. «Une partie des hommes a envie de dire : je me présente à vous en cravate, j’assume et je prouve que je sais nouer une cravate, c’est dire si je suis un élégant. J’y vois la manifestation d’un désir franc de nouveaux repères».
 
Sans doute n’est ce pas un hasard si cet accessoire fait surtout fantasmer les 20-30 ans. Il précise aussi : «on sort d’un chaos où plus personne ne sait ce que veut dire casual, spotswear, dandy. Tout est brouillé. La cravate est un symbole réconfortant associé à un certain sens du style et de la distinction. Elle va s’imposer sous sa forme la plus traditionnelle. Ceux qui en bénéficieront seront les grandes marques du luxe Vuitton, Hermès…».

La saison dernière d’ailleurs, Hermès a lancé, pour rire, un manifeste pour le port de la cravate.
 
Alors que les hommes politiques s’évertuent à paraître « cool » en s’affichant chemise ouverte cou dégagé, les faiseurs de mode, eux, se distinguent en portant avec plaisir, et non avec soumission, un accessoire encore catalogué coincé.

Cette contrainte vouée aux gémonies par une génération avide de liberté (celle de 68) redevient un choix esthétique volontaire.
 
Combien de temps avant que la rue réapprenne l’art de nouer ? Verdict au printemps prochain.